Well, alright
Ils
glissaient – déjà ! – vers la dépression saisonnière. Terminées les
fêtes, dont on avait fini, comme chaque année, par être écœuré. La succession des galettes
des rois n’arrangeait rien. L’enfilade des « meilleurs vœux », de plus
en plus machinaux, non plus. Le matin du 1er janvier, ils
avaient un peu réfléchi à cette années 2008 qui s’échappait. Une jolie
année, un deux, un huit, des chiffres pairs. Tout le monde aime les
chiffres pairs. Elle avait certes été riche en catastrophes, économiques
surtout, mais les effets ne s’en faisaient pas encore sentir. L’ombre
de la récession planait sur eux, en autant de promesses de dégradation
de leur confort moderne. Tout ça semblait irréel, les journaux sortaient les grands mots : le monde a changé, plus rien ne sera comme avant, c'est la fin de la civilisation telle que nous l'avons connue... pourtant les soldes allaient commencer, tout continuait exactement comme si de rien n'était. Ils ne savaient pas vraiment sur quel pied danser : consommer, pour relancer la machine, ou dissimuler de grosses coupures sous le matelas et faire des stocks de conserves ? L'année qui commençait était surtout riche d'incertitudes angoissantes; alors pour l'instant ils riaient, parce que quand on attend on oublie de vivre.