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The southern fry

6 janvier 2009

Well, alright

Ils glissaient – déjà ! – vers la dépression saisonnière. Terminées les fêtes, dont on avait fini, comme chaque année, par être écœuré. La succession des galettes des rois n’arrangeait rien. L’enfilade des « meilleurs vœux », de plus en plus machinaux, non plus. Le matin du 1er janvier, ils avaient un peu réfléchi à cette années 2008 qui s’échappait. Une jolie année, un deux, un huit, des chiffres pairs. Tout le monde aime les chiffres pairs. Elle avait certes été riche en catastrophes, économiques surtout, mais les effets ne s’en faisaient pas encore sentir. L’ombre de la récession planait sur eux, en autant de promesses de dégradation de leur confort moderne. Tout ça semblait irréel, les journaux sortaient les grands mots : le monde a changé, plus rien ne sera comme avant, c'est la fin de la civilisation telle que nous l'avons connue... pourtant les soldes allaient commencer, tout continuait exactement comme si de rien n'était. Ils ne savaient pas vraiment sur quel pied danser : consommer, pour relancer la machine, ou dissimuler de grosses coupures sous le matelas et faire des stocks de conserves ? L'année qui commençait était surtout riche d'incertitudes angoissantes; alors pour l'instant ils riaient, parce que quand on attend on oublie de vivre.




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5 janvier 2009

En ligne de myrrhe

Doucement, dehors, tombait la neige. Les toits de Paris blanchissaient peu à peu, dans le silence cotonneux. Seul montait de la rue l’occasionnel râle du malchanceux piéton sur glace. Au loin les tours de bureaux elles-même, au crépuscule, prenaient des teintes irréelles, qui auraient rendue poétique l’idée même d’un compte de résultat prévisionnel. Encore tout attendris par les fêtes récentes, nous étions chaleureusement réunis, nous souhaitant tout le bonheur possible pour l'année nouvelle. Les bulles pétillaient déjà dans les verres quand je croquai dans la masse tiède, dorée, sucrée. Évidemment la fève a été pour moi, j'ai du porter la couronne. Ça m'a flingué ce qu'il restait de l'après-midi.



3 janvier 2009

Fatigué-e-s du Meilleur des Mondes ?

Aldous a battu George, on s'en rend compte depuis un petit moment maintenant : le Brave New World d'Huxley semble beaucoup plus vraisemblable que le 1984 d'Orwell. Les grands totalitarismes se sont éteints avec le XXème siècle et s'ils peuvent toujours se réveiller, ce n'est sans doute pas pour tout de suite.

En attendant, un élément de 1984 est bel et bien présent aujourd'hui, quoique dans un contexte différent : la novlangue. Enfonçons une porte ouverte en rappelant que la différence avec la novlangue de 1984 tient bien sûr au fait que l'État n'est pas l'instigateur du phénomène. Mais nous constatons tous les jours que de nouvelles et mystérieuses règles non écrites prohibent ou détournent l'usage de certains mots.

Le politically correct n'a rien de nouveau, mais de toute évidence le mouvement s'accélère aujourd'hui : aux Etats-Unis le marketing de la langue fait succéder les prochoice aux prolife dans une surenchère de positive attitude; en France, au delà des classiques "SDF" ou "non voyants" (mal-comprenants, disait aussi Desproges), on féminise les professions et (de plus en plus en ces temps de crise) on criminalise le mot "libéral", qui n'avait rien demandé à personne.

Difficile de vraiment condamner quelqu'un en l'accusant simplement de libéralisme : on a beau faire, le mot employé seul n'est pas encore entièrement connoté négativement (peut-être à cause du faux ami liberal qui désigne les progressistes américains ?). On l'entoure donc chaleureusement de fourbes préfixes qui ne cherchent qu'à le poignarder dans le dos. On traitera de préférence l'adversaire d'ultra-libéral, voire d'hyper-libéral, des sortes de mutants survitaminés vraiment très très méchants. Bien loin d'évoquer la fraîcheur de la nouveauté, le "néo" de néo-libéral évoque avantageusement celui de néo-nazi et pourra être employé avec prodigalité pour terrasser l'ennemi récalcitrant, dans une sorte de point Godwin économique.

L'arme fatale dans les querelles internes des forces de progrès sera bien sûr de condamner à une longue pénitence le malheureux qui n'aura pas dégaîné le premier le fameux "social-libéral". La preuve, Bockel a du se précipiter dans les jupes sarkozystes après sa motion du congrès du Mans, et Delanoë cherche partout le type qui a écrit son bouquin sans prédire la chute des frères Lehman, afin de lui briser les tibias. De vrais sociaux-traitres.

A droite même, le mot n'est employé qu'avec d'extrêmes précautions, et le libéralisme assumé reste l'apanage d'une micro-secte paranoïaque de discrets adorateurs d'Alain Madelin. Ce qui nous garantit le décès du mot libéralisme tel que les plus anciens d'entre nous ont pu le connaître: novlanguisé.

Beaucoup plus amusantes, certaines bizarreries novlanguistes peinent à s'imposer et à sortir de leur pré carré originel. 
Prenons par exemple l'association des Motivé-e-s, qui connut son heure de gloire aux élections municipales de 2001 à Toulouse. Dotée d'un nom en forme de fer de lance de la lutte contre le machisme syntaxique, l'organisation sous-titre sa présence sur l'intertoile d'un fantastique et mystérieux "Motivé-e-s les élu-e-s".

La contagion a rapidement pris chez d'autres mouvements citoyens, sans doute à cause de l'allure délicieusement exotique que prennent les différents mots d'ordre et manifestes "syntaxiquement responsables".
La LCR défend par exemple les "exploité-e-s et les opprimé-e-s",  la Confédération Paysanne entretient ses "liens avec les paysan-ne-s palestinien-ne-s" en ces temps difficiles et le PCF, dans un louable effort de modernité résolument altermondialiste, assure les migrant-e-s qu'il se battra jusqu'au bout pour leurs droits.
Les grands syndicats et certaines sections locales socialistes participent aussi occasionnellement à ce grand progrès.
Il n'est pas jusqu'aux sympathiques cyclonudistes (de joyeux lurons souhaitant faire la révolution tout nus et en vélo, si j'ai bien compris) qui n'invitent à "un déshabillage simultané de tou-te-s les manifestant-e-s" lors de leurs défilés.

Nonobstant ces quelques francs succès, peu d'autres associations ou partis ont suivi le mouvement : Attac, SOS Racisme, le MRAP s'en abstiennent, de même que les tendres Chiennes de garde. Pire encore, le NPA ne reprend pas la formule qui avait pourtant fait ses preuves à la LCR. Quant aux Verts, ils ont sans doute prévu d'en discuter âprement au cours des 27 prochaines AG, avec constitution de courants internes et débats jusqu'au bout de la nuit : le site global du parti s'en tient à un coupable conservatisme, alors qu'un grand nombre de sections locales évoquent les élu-e-s vert-e-s.

Alors, quel avenir pour les descendants des Motivé-e-s ? Visiblement, le phénomène n'a pris que dans certains mouvements altermondialistes et d'extrême-gauche, s'arrêtant aux marges de plus grands partis... mais n'ayons crainte, ailleurs aussi l'imagination est au pouvoir : la grande Ségo invente la bravitude et les droits humains, tandis que le petit Nicolas passe au Kärcher ce qui reste d'exigence en matière de culture générale dans la fonction publique. On n'est pas complètement largué-e-s, dans les grands partis de gouvernement.

[Edit : ce billet a été publié sur Agoravox, où quelques vingtenaires engagés l'ont agrémenté de commentaires rafraîchissants]

3 janvier 2009

Whisper pitch

C'est doux, c'est sucré, ça ne souhaite pas la bonne année, mais moi je le fais !


23 décembre 2008

Testons un brin

Ca me gratte un peu au niveau du stylo, alors je suis venu gratter par ici. Bla bla bla comme tout le monde, on verra bien ce que ça donne, et caetera.

Et donc pour commencer un petit cirage de pompes en bonnet difforme, concernant ce billet de David Abiker, qui fait remarquer au lecteur attentif que, quoi qu'on en pense politiquement car là n'est pas la question, à peu près n'importe quel discours du Général vous renvoie à peu près la totalité des politiques contemporains au piquet. L'emphase, la grandiloquence ? Sans doute, mais ça n'empêche pas un bon vieux coup de règle sur les doigts pour le petit Nicolas, la jeune Marie-Ségolène et François le révolté (pour ne citer que les trois meilleurs à la dernière interro). Parce que même le François, tout professeur de lettres qu'il fut il y a quelques années, n'a pas vraiment la grande classe syntaxique à l'oral. Je n'ose même pas aller chercher sur Youtube des exemples des deux autres.

Et ça fait mal aux oreilles des jeunes vieux cons comme votre serviteur.

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